JASON
Un voyage psychanalytique au pays de la « néosexualité »
Dans ce cas clinique, Joyce Mc Dougall nous invite à suivre la cure longue de près d’une dizaine d’années d’un patient affectant d’addictions sexuelles aux scénarios particulièrement élaborés.
Attention spoiler : des enjeux névrotiques de la castration symboligène aux poches psychotiques des détresses archaïques en passant par les flambées perverses, personne ne sort vraiment indemne de ce voyage – pas plus l’analyste que le lecteur. Jason non plus : il va devenir sujet à sa propre vie.
Comme elle nous l’indique à plusieurs reprises dans son texte, c’est à un voyage psychanalytique que Joyce McDougall nous convie à travers le cas Jason. Un voyage qui va durer près d’une dizaine d’années, à raison parfois de quatre séances par semaine – on est alors dans les années 1980-90 ; le livre, Éros aux 1001 visages, ayant été publié en 1996.
C’est un voyage initiatique, terrible, passionnant, émouvant et lumineux. Comme le voyage d’Ulysse, il est une quête de l’origine – pas une origine historique, factuelle, introuvable, mais l’origine mythique propre à chacun, mythologique, celle de l’Archaïque du sujet, de ses représentations premières et de ses inscriptions dans le corps.
Comme celui de Dante à travers les cercles de l’Enfer, il nous faut un guide pour ce voyage. Dante en avait deux : Virgile, le guide de la raison, et Béatrice, sa muse, l’objet de sa passion amoureuse, de sa foi. Pour Jason, c’est Joyce McDougall qui sera son guide, dans ces deux fonctions, au moins, celle de la raison et celle de la passion – nous pouvons dès à présent en ajouter une troisième, de fonction, tout aussi essentielle : celle de l’Éros, qui passe par le corps, le sexuel, et sans lequel il n’y a pas de véritable voyage psychanalytique – à l’instar de Joyce avec Jason, l’analyste s’implique, s’investit, s’engage corps et âme, soma et psyché. C’est un voyage dont personne ne sort indemne.
Comme nous le rappelle Catherine Bergeret-Amselek, qui est notre propre guide initiatique dans l’œuvre de Joyce McDougall, le cas Jason traverse certes des situations de castrations symboligènes propres aux névroses (ainsi que nous avons pu les voir chez Dolto), mais aussi des terreurs, des détresses tellement enfouies, tellement destructurantes qu’elles touchent au psychotique. A cet endroit-là, c’est bien la fonction anaclitique de l’analyste – l’anaclitique est ce besoin primordial de l’autre en qualité d’objet interne – qui permettra à Jason d’internaliser un objet suffisamment bon pour qu’il puisse progressivement abandonner ses scenarios destructeurs et potentiellement mortifères, se libérer de conduites aliénantes et vivre des relations apaisées. Vivre en tant que sujet de sa vie.
- Préparation au voyage
Nous allons faire la connaissance de Jason dans un instant, mais auparavant JMcD nous propose une sorte de préparation au voyage en détaillant le concept de l’addiction, et en particulier de l’addiction sexuelle, c’est-à-dire une situation où l’objet externe est l’autre, une personne ou, pour rester dans l’univers du théâtre cher à Joyce, un personnage. La fonction de l’addiction est de proposer au sujet un soulagement à des états affectifs insupportables via un objet externe.
D’entrée, Joyce nous indique que la qualité des toutes premières relations entre la mère et l’enfant peut être définitive dans la structuration du fonctionnement psychique : si la fusion initiale des premières semaines se poursuit trop au-delà, l’interaction peut devenir persécutoire et pathogène pour l’enfant. Dans la relation de totale dépendance du bébé à sa mère, l’enfant tend à se conformer aux attentes que sa mère projette sur lui. Dans le même temps, l’ébauche d’une identité sexuelle apparaît dans sa structure psychique. Le développement de l’infans ne peut se faire que s’il est investi positivement par la mère. En revanche, si le bébé est sensé colmater des manques dans le propre monde interne de la mère, celle-ci peut très bien inhiber le narcissisme vital à la structure somatopsychique de l’enfant. La mère dépend alors de son bébé comme lui d’elle. Transmettant au bébé ses propres angoisses et désirs elle risque alors de développer chez lui une relation addictive à sa présence et à ses soins. Il y a donc là une forme de co-dépendance pathogène entre la mère et l’infans.
C’est-à-dire que, le petit enfant risque de ne pas pouvoir constituer dans son monde interne la représentation d’une instance maternelle soignante et contenante – des états de souffrance psychique ou de surexcitation. Il lui manquera alors la capacité de s’identifier à une telle représentation interne et ainsi de soulager par lui-même ses états de tension psychique.
Ce processus s’applique bien entendu également à l’instance paternelle (ou de l’autre parent, homme ou femme), structurante à sa manière : par sa parole, sa présence dans la vie affective et sexuelle de la mère.
A défaut de ces représentations sécurisantes internes, le sujet recherchera une solution à ses tensions douloureuses dans le monde externe.
Ces solutions constituent des substituts transitoires, insiste Joyce, à des objets transitionnels. Elles ne résolvent que momentanément la tension affective, parce qu’elles ne sont pas psychologiques mais somatiques – et temporaires*.
La découverte de l’objet addictif externe apparaît d’abord au sujet comme un grand soulagement : il peut reprendre le contrôle sur ses angoisses ! L’enfant en détresse caché dans l’adulte est alors persuadé qu’il ne souffrira plus jamais du sentiment d’abandon.
Il va également avoir l’illusion de pouvoir régler des comptes avec les objets parentaux du passé, avec trois défis :
– contre l’objet maternel interne vécu comme absent, défaillant. Le substitut addictif se présente comme suppléant à la fonction maternelle manquante. Tu ne me manqueras plus, c’est moi qui contrôle !
– contre le père interne, jugé comme ayant failli à sa fonction paternelle, et projeté sur la société tout entière (« allez tous vous faire foutre »)
– contre la mort elle-même, soit par une position de toute-puissance, soit par une position de résignation face au risque mortifère. Ou les deux.
La solution addictive ne se limite pas au sexuel génital. La fusion avec l’autre, cette façon de recréer une dépendance infantile, constitue un recours assez commun contre des angoisses intolérables d’abandon (une autre version, consiste en la recherche constante de conflits.)
Mais la sexualité humaine propose au sujet en détresse un objet addictif particulièrement puissant : « l’utilisation addictive de la sexualité suspend les sentiments de violence, soulage, anesthésie », mais provisoirement seulement. (cf Jean-Étienne ?)
Dans ce genre de situation, les partenaires jouent, souvent à leur insu, le rôle de substituts aux images parentales manquantes et servent à colmater l’image sexuelle fragilisée construite par l’enfant du passé avec les élements négatifs des communications biparentales. Certains partenaires y trouvent leur compte. C’est ce que l’on rencontre dans la thérapie de couple, où démêler ce genre de lien s’avère extrêmement ardu, chacun tirant un profit pervers de l’autre.
La solution addictive constitue donc une tentative d’autoguérison face aux états psychiques menaçants – *et c’est une des raisons pour lesquelles la tâche du thérapeute est si difficile, le patient s’attachant, par-delà le remède qu’il a lui-même mis en place, à son symptôme, si familier.
Le processus psychanalytique peut aider le patient à apprendre à distinguer, dans le transfert, la terreur de l’avenir de la douleur du passé, Cette distinction entre angoisse et dépression évite la compulsion de se décharger dans l’action immédiate, permettant au sujet de commencer à comprendre son intolérance à la tension affective. A partir de là, il devient possible de l’aider à construire des défenses psychiques plutôt qu’addictives pour contenir ses états d’angoisse ou de dépression et ses blessures psychiques.
Joyce nous met toutefois en garde du danger éventuel de faire émerger, dans la cure, des angoisses psychotiques. L’autodestruction qui sous-tend toute conduite addictive peut faire surgir des pulsions suicidaires.
- Jason, premier entretien
Jason , la quarantaine, chirurgien hautement spécialisé, vient faire une demande d’analyse pour des obsessions qui envahissent sa vie sociale et sexuelle – sa vie professionnelle en revanche ne semble pas en être affectée.
La première séance décrite par Joyce met en scène ce que j’appellerais l’ « énigme Jason ».
Jason se présente avec un scénario sexuel racial, voire raciste : il se demande s’il est « aussi puissant qu’un Arabe, un Noir ou un Juif ». Notons que ce qualificatif de « raciste » n’est pas prononcé par Joyce, de même que jamais elle n’enfermera son patient dans une case, qu’il s’agisse de la perversion ou de la psychose.
Il séduit des femmes, « beaucoup de femmes », arabes, asiatiques, noires, juives « et mes obsessions se calment un moment ». Il ajoute « Là où il n’y a pas de mélange il n’y a pas de problème ».
Alors, où est le problème ?
Jason s’était marié à vingt ans avec une jeune femme qu’il désirait parce qu’elle avait eu une brève liaison avec un Juif connu (notons au passage ce « connu »). Il dit « J’ai torturé ma femme toutes les nuits pendant des années pour obtenir d’elle des détails sur cette liaison amoureuse. Je l’interrogeais des heures durant… » Il lui déchire ses sous-vêtements, l’attache, la viole… « Mais la relation sexuelle n’est jamais satisfaisante, l’interrogatoire prenait trop de temps ».
Ce mariage dure une dizaine d’années. On suppose, sans en avoir la certitude, que l’épouse est consentante.
Pendant ce mariage il a des relations sexuelles avec d’autres femmes de « races diverses ».
Puis il a une longue liaison avec une amie qui avait eu une relation avec une « personnalité célèbre, un Noir ». (Revoilà la question de la notoriété, , dont l’enjeu nous apparaîtra plus tard, via la parole du père de Jason)
Pour faire l’amour avec elle, Jason doit là aussi la soumettre à d’interminables interrogatoires.
A travers ces éléments relationnels, sociaux, touchant aux différences raciales, Joyce perçoit dès ce premier entretien des indices psychiques, dans l’évocation de l’enfance de Jason : ses parents se disputent parce que, dit-il, sa mère est anglaise et son père français.
Le père traite la mère de « sale garce d’Anglaise ».
La mère dénonce les frasques extraconjugales du père, notamment avec des femmes « d’autres races ». « Il ne me restait que la masturbation », ajoute Jason après un silence. On voit là apparaître me recours à l’objet addictif, pas tout à fait externe, l’excitation du pénis, une compulsion en apparence parfaite puisqu’il l’a littéralement sous la main, qui va l’amener à se masturber plusieurs fois par jour dans l’adolescence et encore deux fois par jour à présent, à plus de quarante ans.
Jason a le sentiment que pour sa mère, la virilité authentique ce n’est pas son mari qui l’incarne, mais son propre père, qui a perdu une jambe à la guerre.
Joyce déduit de ce premier entretien que l’intérêt de Jason pour les femmes d’autres ethnies que la sienne était empreint d’une signification phallique, un pénis paternel idéalisé.
Elle souligne également l’importance du choix de l’analyste : une femme vivant en France, avec un fort accent anglais.
« J’imagine que vous vous demandez pourquoi je tiens tant à faire mon analyse avec vous ? », demande Jason.
« Parce que je suis une femme et une garce anglaise ? », répond Joyce.
Jason confirme, avec une nuance : C’est vrai, elle lui rappelle sa mère. « Mais vous me donnez l’impression que j’existe ».
« A ma grande surprise, écrit Joyce, ses yeux s’emplirent de larmes ».
Joyce n’étant pas immédiatement disponible, Jason attendra d’ailleurs tout une année avant d’entreprendre cette analyse avec elle.
« Je soupçonnais déjà que j’étais destinée à payer pour toutes la honte et les dégâts psychologiques dont il tenait sa mère responsable » [On ne sort pas indemne d’une analyse…]
- « L’homosexualité de Jason »
Avant le début différé d’un an de l’analyse, il y a un deuxième entretien. Jason y décrit ce qu’il appelle son homosexualité.
« Pendant des années, j’ai assisté à des partouzes, surtout pour voir ce que les homme faisaient avec leur pénis… Il y a quelque chose de faux dans mes relations avec les femmes… il est probable que je les déteste… en fait, j’en suis convaincu, je suis homosexuel alors que je n’ai jamais désiré avoir de relations sexuelles avec un homme… »
Plus tard, il expliquera avoir mis un terme à une analyse précédente avec un homme, parce que cet analyste lui aurait dit qu’il n’était pas homosexuel puisqu’il n’était pas attiré par les hommes.
Dès cette deuxième séance, Joyce n’hésite pas à s‘impliquer.
L’analyse à proprement parler ne va donc débuter qu’un an après ce deuxième entretien préliminaire, au rythme de 4 séances hebdomadaires, et durer huit ans.
Joyce se déclare surprise par des manifestations transférentielles imprévues. Par exemple dès la première séance, Jason l’appelle « Joyce » et la tutoie. Joyce répond en appelant son patient par son prénom, mais en le vouvoyant. Elle interprète ce tutoiement comme une attaque du cadre, expression de la fragilité narcissique de Jason et de son besoin de séduire. Quand en séance il se parle à lui-même il confond les prénoms, s’appelant lui-même « Joyce ».
Ce qui va conduire l’analyste à se pencher sur l’identité sexuelle confuse de son patient.
Dans les premiers mois de l’analyse, Joyce apprend de Jason que, dans l’enfance, se travestissait avec les vêtements de sa sœur, ses accessoires de danse, et qu’il se masturbait ainsi accoutré devant la glace.
Par la suite, il révèle une confusion entre son corps et celle de ses partenaires, à qui il demande de porter un pénis artificiel et de le pénétrer analement.
D’autres fois, il attache ses partenaires (consentantes), les fouette et les pénètre analement avec ses doigts et (si possible) la main tout entière [la chirurgie comme prolongement du fantasme sexuel de pénétration manuelle ?]
Joyce revient sur l’enfance du patient , évoquant un symptôme à « nuance psychotique ». Ainsi, obéissant à des voix, il insultait souvent des amis de la famille, et surtout des amies de sa mère.
« Jason avait fait en sorte d’éjecter de sa psyché à la fois son amertume et ses pensées érotiques concernant les images introjectées de sa mère, et ses pensées ambivalentes étaient revenues sous la forme de « voix », à la manière de Schreber. »
Son père l’averti alors qu’il le fouetterait tant qu’il entendrait des voix, thérapie paternelle qui fit son effet, selon Jason [l’expression thérapie paternelle n’est pas entre guillemets, on ne sait donc pas qui l’emploi, mais ce qui est intéressant : l’intervention du père agit, il n’est donc pas aussi ectoplasmique que le décrit la mère, et Jason va par la suite à son tour fouetter les femmes – encore une identification au père.]
C’est à cette époque, sous l’action du père, que les insultes sont remplacées par des « questionnaires » qui peuvent durer des heures. Jason interroge sa mère et les amies de sa mère sur le prix des vêtements féminins [manteau de fourrure – Vénus à la fourrure].
Joyce se rend alors compte qu’il a transféré cette compulsion enfantine au questionnement sur ses relations sexuelles adultes.
Jason va d’ailleurs appliquer ce comportement du questionnement aux séances, et Joyce dit « je dois admettre qu’il était capable de me rendre folle, au point qu’il m’arrivait à moi aussi d’avoir l’impression d’entendre des voix ».
Jason l’entraine donc dans son délire. Mais elle garde toujours un pied à l’extérieur du maelstrom :
« il devint possible de démonter le mécanisme de son obsession enfantine concernant les différences sexuelles (du fait même qu’il remettait en scène le procédé du questionnement incessant et que Joyce jouait le jeu). Mes interprétations dans ce domaine conduisirent Jason à se rappeler en détail les litanies quotidiennes de sa mère à table, notamment sur le nombre de femmes que son mari pouvait conquérir quotidiennement… »
[illustrant ici que « se souvenir, c’est guérir/ guérir, c’est se souvenir »]
« A partir de là, on put comprendre que les interrogatoires interminables de Jason sur ses partenaires révélaient une identification à sa mère concernant le père ». Qu’il avait besoin de la mère pour s’identifier au père.
Jason parvient ainsi à relativiser l’activité extraconjugale du père, pour se dire que c’est la mère qui était « pathologiquement jalouse ».
Jason constate aussi à cette occasion que sa mère était incapable d’ un autre point de vue que le sien à elle, lui donnant le sentiment qu’il n’existait pas aux yeux de celle-ci : « Je martelais les murs de l’esprit de ma mère, et la seule réponse que je recevais étais un écho ».
[Jason exprime là une très grande solitude, un narcissisme terriblement menacé]
Des détresses similaires ressurgissent dans le transfert (par exemple, dit Joyce, si elle reste silencieuse trop longtemps). Jason se met alors à hurler et demande si elle dort ou si elle est morte.
« Nous interprétons ce comportement comme la sensation de n’avoir pu se faire entendre de sa mère, ses souffrances de petit garçon, lui donnant l’impression qu’il n’était pas vraiment vivant ou qu’elle ne l’était pas pour lui. A cette phase de l’analyse, ajoute Joyce, le but des relations sexuelles compulsives de Jason est de le rassurer narcissiquement quant à son identité masculine. »
- Deux ans après le début de l’analyse, les obsessions sexuelles de Jason perdent leur caractère compulsif, mais une nouvelle forme d’angoisse apparaît. [un symptôme s’atténue, un autre se manifeste]
Une angoisse catastrophique qu’il décrit comme un vécu du néant, de mort. « États de vide », pendant lesquels il craint de perdre la raison.
Joyce le reçoit alors plus fréquemment, l’autorise à l’appeler et à prendre des tranquillisants, voire des anxiolytiques comme objet transitionnel – toutes mesures à caractère temporaire.
Pendant cette période, son activité masturbatoire augmente : « nous avons compris ensemble », dit Joyce qu’il cherche à s’assurer que les introjects maternels les plus dangereux n’ont pas détruit sa virilité ; la masturbation lui donne à la fois le sentiment d’exister et celui des limites précises de son corps. Son sentiment de mort interne disparaît momentanément.
Autrefois, précise Joyce, être pénétré par un pénis artificiel lui procurait les mêmes effets.
En permanence, dans ce texte, on suit Joyce-analyste. Son investissement, son dévouement : une mère attentive et soignante. Mais c’est bien en analyste qu’elle œuvre et pas juste en « soignante », comme en témoigne l’évocation des interprétations qu’elle propose des angoisses de castration, narcissiques, phalliques œdipiennes, et de l’archaïque dans ses angoisses d’anéantisation.
Elle revient sur la question de l’homosexualité de Jason (p246-247)
Quand il fouette les femmes ce n’est pas pour leur faire mal mais pour vérifier qu’elles ne mourront pas [comme l’enfant du Fort-Da, le jeu de la bobine, qui veut s’assurer qu’en disparaissant sa mère reviendra, qu’en la faisant disparaître il ne la tue pas]
Joyce se montre didactique : Pourquoi a-t-il toujours voulu être une femme ? demande Jason.
« Parce que ce sont les femmes et le sexe féminin qui attirent les hommes et leur pénis », lui répond-elle. Il a, lui explique-t-elle, une image idéalisée de la femme, toute puissante, qui possède des organes sexuels masculins et féminins.
A nous elle explique, entre parenthèses, comme en aparté, que Jason avait un besoin désespéré d’être reconnu comme homosexuel parce qu’il pensait que sa mère lui avait interdit toute identification masculine. C’est peut-être là ce que l’autre analyste, un homme, n’avait pas compris lorsqu’il avait dit catégoriquement à Jason qu’il n’était pas homosexuel, c’est à dire en l’enfermant dans la catégorie non-homosexuel. Jason, en traitant cet analyste de « trou du cul », ne s’y était d’ailleurs pas trompé.
A Jason, elle dit : « Il y a deux Jason qui parlent ici [elle s’appuie donc sur la parole de Jason en séance] : l’un est homosexuel et veut qu’on lui donne un pénis afin de devenir un homme et l’autre, hétérosexuel, veut faire l’amour avec une femme, avec le fantasme de se faire attribuer par elle le pénis. »
Déclenche l’émotion de Jason : hurlement, pleurs : sa mère l’autorisait seulement à aimer son père à elle, « ce héros qui avait perdu sa jambe ».
[Seul l’homme castré trouve grâce aux yeux de sa mère, selon Jason.]
Jason imaginait que pour devenir un homme il fallait incorporer littéralement l’organe génital mâle [je pense ici à ce patient qui, adolescent, tente de s’introduire dans le rectum un godemichet trouvé dans la table de nuit de ses parents]
Joyce nous rappelle que c’est là un fantasme courant chez l’enfant, qui rêve d’être couché entre ses parents, que son père le pénètre et qu’il lui pousse alors un grand pénis avec lequel il pourra pénétrer sa mère : [l’enfant fait ainsi la jonction fusionnelle, parfaite, entre ses deux parents.]
Une scène primitive fantasmée (cf l’homme aux loups) qui permet à Jason de s’organiser psychiquement mais dans une sexualité déviante et compulsive.
- Après cinq années d’analyse: l’ascenseur pour l’échafaud.
La dimension addictive de sa vie sexuelle a maintenant disparu.
Addiction estompée, mais la terreur narcissique de perdre les limites de son moi est encore agissante.
Joyce avance sur deux jambes : elle distingue l’angoisse de castration et l’épouvante archaïque, la dimension névrotique et le psychotique.
Elle revient sur la masturbation, qui apporte une réassurance narcissique essentielle. Il y a un sens caché de la masturbation : d’un côté, contourner les angoisses de castration remontant à la phase œdipienne phallique ; de l’autre un effort désespéré pour maîtriser les épouvantes archaïques liées à la mère, où interviennent morcellement corporel, anéantissement, mort intérieur, rage.[Jean-Étienne]
L’acte autoérotique sert de rempart [de contenant] aux angoisses à la fois névrotiques et psychotiques.
Mais dans bien des cas Le fantasme ne suffit pas, il faut une mise en scène dans le réel : « pour certains, la douleur, l’angoisse, voire la menace de mort doivent être agies. »
[Cyril Colin amoureux d’un séropo et convaincu que cet amour le protégerait du sida][Jean-Étienne, conduite à risque]
Venons-en à l’ascenseur.
L’ascenseur : jeu avec la mort.
Adolescent, Jason prenait l’ascenseur et montait jusqu’au dernier étage de l’immeuble de ses parents. De là, après avoir renvoyé l’ascenseur, il grimpait le long du câble d’acier pour atteindre le mécanisme niché sous le toit (sortait par la trappe ?), et, suspendu au-dessus d’un vide de quarante mètres ( = vingt étages ?) il se masturbait en calant le câble entre ses jambes. A cette posture acrobatique en soi déjà dangereuse s’ajoute le risque qu’il lâche le câble au moment de l’orgasme. Cette peur à l’éjaculation était à son tour fortement érotisée.
A cela s’ajoute un autre risque encore, lui aussi érotisé, celui d’être surpris par son père pendant la masturbation : Jason joue donc ici littéralement avec l’excitation de la jouissance et de la mort en mettant en scène le père.
(A quoi Joyce ajoute le fantasme intra-utérin du câble d’acier prenant la place du cordon ombilical.)
Le jeu cherche à prouver qu’en dépit de tout ce qu’il risquait, Jason ne mourrait pas [de même dans le fort-da, la mère ne meurt pas, mais ici ce n’est pas la mère qui pourrait disparaître, mais lui-même].
On retrouve ici, souligne Joyce, le triple enjeu de la solution addictive : défi maternel, paternel, mortel.
Jason met à présent des mots sur ses angoisses et fait le lien entre ses états de vide intérieur et les pratiques masturbatoires de son enfance. « C’était le danger réel qui était érotique au point de me faire jouir »
Il s’agit d’un recours à la magie infantile pour remplir le vide intérieur, « espaces dépourvues de mots », dit Joyce, mais où l’élaboration psychanalytique peut se substituer au passage à l’acte.
Le sexe féminin est perçu par Jason comme un vide terrifiant [l’éjaculation précoce de Victor], terreur renforcée par l’image de sa mère comme un vide illimité. Jason n’avait eu aucune représentation du pénis paternel apte à jouer un rôle symbolique, réel ou imaginaire dans la vie sexuelle de sa mère.
Il lui manquait dans l’univers psychique de Jason un père interne qui aurait pu l’empêcher d’être absorbé et englouti par le corps de sa mère.
- Qu’en est-il de ce qui se joue dans le transfert ? interroge Joyce. C’est très important, puisque c’est l’élaboration psychanalytique qui est ici en jeu.
Faute de représentation sexuelle parentale, il était inévitable que la peur d’être aspiré dans un gouffre sans fond soient vécue dans le transfert, ce « plongeon dans le vide » que peut être la cure.
« L’analyse elle-même devint une expérience angoissante dans laquelle je jouais un double rôle, écrit Joyce : celui de la mère de Jason qui conduisait à sa mort, mais aussi celui du père qui trouverait les mots pour donner sens à ses peurs les plus profondes et le protégerait. »
C’est ainsi que Jason finit par développer une relation stable avec une femme, une collègue, et à fonder avec elle un foyer. Ils ont deux enfants auxquels Jason est attaché. La vie sexuelle est apaisée. « Depuis un an, je vis un bonheur inconnu jusqu’ici. », confie Jason à son analyste.
Tout va bien, donc ? Vraiment ? A ce stade du récit, on attend une nouvelle catastrophe, un nouveau décrochage. Un train de symptômes peut en cacher un autre.
Certaines terreurs n’ont pas disparu. Jason peut désormais mettre des mots dessus, les interpréter, mais il reste très dépendant de son analyste.
Ainsi, des vêtements de son analyste, il lui est important dit-il qu’ils deviennent « les siens » (ceux de Jason).
Il s’interdit également de faire laver son écharpe, pourtant vieille et sale, par crainte « qu’elle ne sera plus moi ». Enfant, il se mettait à hurler quand sa mère voulait lui acheter des vêtements neufs : « ma mère voulait me détruire… J’aurais été sans défense et elle n’aurait qu’à me dévorer ». Une variante du moi-peau d’Anzieu : le moi-vêtement. Au cours de cette séance, après un silence, il se met à pleurer : on sent que quelque chose se remplit. Jason se rapproche de ce que Lacan appelle la parole pleine.
Il va dire des choses importantes : « Du vide, j’ai créé une vraie bite ». « Le travail que nous faisons ici est une vraie mise au monde. »
[ce « vrai » vient ici en opposition à ce qui serait « faux » dans le fantasme et se distingue de ces recours adverbiaux auxquels les patients ont parfois recours pour être encore dans l’évitement : « vraiment », « sincèrement » etc, où je ne peux m’empêcher d’entendre « que le sincère ment »]
Jason évoque l’image de sa propre naissance et s’interroge : « Pourquoi n’ai-je jamais existé en tant que petit garçon pour ma mère ? » Puis se met à hurler : « Joyce, est-ce que tu m’écoutes, nom de Dieu ? Dis quelque chose ! »
[Le fait qu’il invoque ici le nom de Dieu, du père tout puissant, n’est sans doute pas anodin.]
Joyce : « Vous avez peur de ne pas exister en tant que garçon à mes yeux ? »
Jason : « C’est pire que ça. C’est comme si tu n’existais pas non plus ».
Que sa mère n’existe pas est donc ce qu’il y a de pire pour lui : « Je le vois maintenant, pour la première fois ! J’ai dévoré ma mère et le grand danger était de l’éventrer, elle, de la transformer en vide. ». Dans ce raisonnement à la fois fou et juste, ce double-bind, la non-existence de sa mère l’annule lui aussi.
Or c’est bien ici que Jason devient sujet : il dit « je ». Moment important de la cure.
(après un silence) « Je pense ici à la jambe amputée de mon grand-père… Pendant des heures je demandais à ma mère où se trouvait cette jambe… »
Il se remet à hurler.
« Comme si vous pensiez qu’elle l’avait dévorée », intervient Joyce pour l’apaiser. La mère de Jason le désignait comme un « bébé vorace ».Tout cet échange, ici raccourcit, va permettre à Jason de remettre sa mère à sa place de mère, de sortir de la confusion –étymologie : la fusion avec elle–
Et de faire le lien avec son père.
«Mon père était fier de mon intelligence… Il disait que je deviendrais un professeur célèbre dans le monde entier [et revoilà donc la question de la notoriété, Jason est donc parvenu à introjecter une représentation narcissique positive de son père] Je suis devenu chirurgien pour eux tous : pour réparer ma mère, pour remplacer la jambe de mon grand-père et pour accomplir l’ambition de mon père qui aurait lui-même voulu devenir médecin. »
Pendant des années, Jason a réparé le monde entier, au prix, terrible, de son vide intérieur. « Une hémorragie psychique, comme tu l’as dit un jour ». Mais il reconnaît aussi qu’être chirurgien c’est sa façon « de faire des enfants… Finalement mon père m’a donné une certaine image de moi-même »
- Huit années ont passé – le petit clochard caché
Le voyage analytique touche à sa fin. Au cours d’une séance, Jason reste ce jour-là assis sur le divan, s’accrochant comme un naufragé au regard de son analyste. Avant de venir au cabinet, il a croisé un clochard dans la rue. Or il dit « détester les mendiants ».
« Vous n’aviez pas le droit de mendier la présence de votre mère ? », interprète Joyce. Cette séquence rappelle (avec émotion) à l’analyste ce qu’elle a observé auprès d’enfants trop précocement autonomes, parentifiés : le petit enfant d’autrefois ne peut, devenu adulte, être reconnu dans son besoin d’être protégé et choyé [ici, Chaimaa].
« Jason, petit clochard caché, quémandait en secret l’aumône de l’attention de sa mère. « Sexuellement et socialement, Jason n’avait encore que trois ans au début de son analyse. » Il y a des terreurs qui ne disparaissent jamais complètement.
Dans le théâtre de la psyché, la terreur oblige à l’invention de fantasmes, de scénarios et d’actes, capables d’endiguer cette hémorragie vécue comme mortelle. Pour Jason, il se présente encore, par moments, des resurgissements brutaux de ses terreurs, mais il a désormais les outils pour interpréter ces crises : il peut mettre des mots sur ses représentations, et les entendre : Par exemples sa peur de grossir, où il dit qu’il pourrait devenir sa mère.
« Peur de la grossesse ? » demande l’analyste. « Peut-être y a-t-il encore un petit mendiant en vous ? »
Une autre interprétation se présente à eux: que Jason puisse enfin une mère pour le petit Jason qu’il a en lui. [Quelle mère êtes-vous pour vous-même ? est une question qui mérite d’être posé à certains patients – certains patients méritent qu’on leur pose cette question.
Jason propose alors une interprétation : il établit la comparaison entre un tableau de Dali, qui montre la Vierge avec son enfant non pas sur ses genoux mais dans son ventre ouvert, et ce qu’il éprouvait sur le divan : qu’il avait un enfant en lui, que Joyce pouvait le voir et que cela lui donnait l’« assurance nécessaire pour affronter avec joie [ et non plus ici seulement avec Joyce] les difficultés de l’existence. »
Jason souligne que Joyce a oublié cette évocation, le tableau de Dali, et l’interprétation que Jason en avait faite. Elle reconnaît cet oubli et
réfléchit à son contre-transfert : elle était heureuse des progrès réalisés par Jason, mais s’il venait effectivement au monde en tant que sujet, il cesserait, sous peu, d’avoir besoin d’elle.
Ils évoquent ensemble la fin de l’analyse :
« Avant, je m’étais construit ma propre idée de moi-même, je m’étais inventé sans référence à la réalité.»
Il évoque alors une phobie, pour la première fois en huit années d’analyse : petit, il avait peur de l’eau. Une peur panique. Sa mère l’encourageait : « Vas-y, saute dans l’eau, tout le monde adore la piscine ».
Un long silence. Joyce prend la parole parce qu’elle a l’impression, écrit-elle, que « Jason est redevenu un petit enfant, tremblant au bord de la piscine.[après huit années d’analyse, cela se produit donc encore]
« Si seulement elle m’avait dit saute dans ton eau ! [ce qu’aucun parent ne dit…] Mais l’eau de tout le monde, je risquais d’être confondu dans la masse, de me perdre. »
Dans un détour par les patients asthmatiques, Joyce souligne une fois de plus que la psychose et la psychosomatose ont une origine commune, la terreur de perdre leurs limites physiques/psychiques.
« Cette phobie de l’eau, poursuit Jason, c’est le même enfant au fond de moi qui tremble, et il me parle toujours ; mais aujourd’hui, je suis moi aussi en mesure de lui parler. J’ai appris à l’apprivoiser, à l’aimer. »
[On dirait un épisode du Petit Prince…]
Et il ajoute, le plus important sans doute, qui montre tout le voyage transférentiel d’une d’une sortie de la psychose vers le sujet humain : « Cet enfant, c’est le tien, ce n’est pas le mien ! Quand on sait que l’analyste a aussi un enfant en lui, on n’est plus en danger. Il m’a fallu m’identifier à toi pour que je puisse aussi devenir quelqu’un. Mais surtout il m’a fallu apprendre que j’étais différent de toi, que nous étions deux et que nous ne pourrons jamais être confondus l’un avec l’autre ! »
On pourrait croire que le périple s’arrête là, qu’Ulysse est rentré en son Ithaque. Mais non, Jason nous réserve encore d’autres surprises.
Revenant sur sa peur de l’eau, il dit : « Aujourd’hui, j’adore aller à la piscine. » Il peut désormais entrer dans l’eau, mais pour ce faire il doit faire appel à un souvenir : pendant l’Occupation allemande en France, il avait vu quatre soldats saisir une jeune femme par les bras et les jambes et la jeter dans la Seine après l’avoir balancée d’un côté et de l’autre.
Cette scène l’avait excité sexuellement. Il en avait déjà parlé à plusieurs occasion dans son analyse, mais pour la première fois il confie qu’il a toujours recours à cette image pour pouvoir plonger dans l’eau : « Il me suffit de penser à leurs bottes et à leur odeur et hop ! je n’ai plus peur de me jeter à l’eau ! ».
Comme on le voit, les expériences les plus effrayantes, les plus traumatisantes, peuvent être rendues supportables par l’érotisation. Dans son imaginaire, Jason s’identifie la jeune fille jetée à l’eau ; il est le centre d’intérêt des quatre soldats, leur objet de désir. Les souhaits bisexuels et les nostalgies homosexuelles trouvent ici leur compte.
Il s’identifie aussi aux soldats : « avec ces grosses bottes je peux moi aussi marcher dans la rue sans peur. C’est comme ça que l’eau est devenue excitante. » [Donc pas seulement un lieu dans lequel il peut se glisser : excitante.]
Jason rappelle à son analyste que sa mère a joué un rôle important dans la Résistance. « Elle aurait été furieuse de savoir combien j’étais ensorcelé par les SS. Il m’a fallu une sorte de contenant pour pouvoir me séparer d’elle. Je l’ai trouvé dans l’uniforme Nazi.» [on retrouve le vêtement-peau]
« Mais pourquoi avais-je si peur de ma mère, s’interroge encore Jason . Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? C’est toi, Joyce, qui m’a protégé d’elle. Ici (dans la cure) j’ai retrouvé mon père … sans père on ne fonctionne pas… J’étais comme le Christ »
Joyce se demande alors si Jason aurait pu développer un délire religieux : en s’identifiant au Christ, il se serait cloué sur une croix de sa propre fabrication. Mais elle s’abstient de lui faire part de cette interprétation.
Ce qui lui paraît important, c’est que Jason, au bout de huit années de thérapie, ne tient plus ses parents comme seuls responsables de ce qui lui est arrivé. Elle souligne : c’est l’indice, dans toute analyse, que le processus analytique fonctionne. Et rappelle que ce qui prime dans l’écoute analytique, ce n’est pas tant l’histoire du passé, pas seulement non plus les représentations des parents internes telles que l’analysant les raconte, mais ce que l’enfant d’autrefois a fait avec tout ce qu’il a rencontré dans sa vie, et de découvrir jusqu’à quel point il cherche à faire perdurer les solutions psychiques et comportementales qu’il a trouvées – son attachement au symptôme.
« Qu’on juge mon patient pervers, borderline ou psychotique… qu’est-ce que à notre compréhension de cet homme qui a cherché par tous les moyens à sa disposition, à survivre psychiquement ? Et qui a réussi, non seulement à survivre, mais à vivre, aussi pleinement que peut le faire un être humain. »
« Si j’en crois une expérience clinique probante, écrit Michel de M’Uzan dans De l’art à la mort, c’est paradoxalement lorsque l’individu n’a pas peur de se défaire qu’il a le plus de chances d’atteindre réellement ce qu’il est. »
- Je laisserai le mot de la fin à Jason. Au terme de la cure, Joyce lui demande l’autorisation de citer des fragments de son aventure psychanalytique.
Dans la lettre qu’il adresse à Joyce, Jason écrit : « ce qui a été bénéfique, c’est ton contre-transfert et l’impression que tu investissais beaucoup de toi-même dans notre travail. Que tu comprenais ma souffrance. »
Philippe Romon, psychanalyste.
Ce texte a été présenté le 14 mars 2022 à la Société de Psychanalyse Freudienne dans le cadre du séminaire « La clinique de l’Archaïque » animé par Catherine Bergeret-Amselek.
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Biblio rapido :
On retrouvera le cas Jason en détail dans Éros aux mille et un visages de Joyce McDougall, éditions Gallimard.
A noter également
– l’article détaillé et complet sur le thème de l’addiction, , faisant une belle part à l’apport de JMcDougall, de Jean-Louis Chassaing dans le Dictionnaire de la Psychanalyse de Roland Chemama et Bernard Vandermersch (édition Larousse, en poche, abordable).
Psychanalyste, JL Chassaing est membre de l’ALI.
– ainsi que : « De l’art à la mort », de Michel de M’Uzan, un recueil sans lien direct avec l’addiction sexuelle et la « néosexualité » propre à Jason, mais rassemblant des articles particulièrement stimulants sur le processus de création littéraire, la mort, la bisexualité, le contretransfert…